Recherches philosophiques qui, inspirées par l'idée du neutre, vont au-delà du scepticisme vers une interprétation moderne et différentielle (historique et intemporelle) du devenir du principe de raison.
12 Avril 2014
L'homme, face à l'immensité du monde qui lui suggère une image rêvée du Tout, ne saisit que des images finies (des phantasmes), que des lointains, et non l'infinie présence de la Nature qui n'est ni connaissable, ni représentable. N'apparaissent en fait pour lui que des images limitées, provisoires et incompréhensibles de cette Nature. Comme l'écrit Blanchot, souvent inspiré par Nietzsche, l'image évoque l'infini sans le représenter, notamment à cause d'une faille, inhérente à la fois au voyant et à toute image, qui détruit ce qu'elle donne en le dissimulant ; et inversement. Cette faille ou cet oubli fait penser à un vide indéfini qui permet un jeu, certes énigmatique et fictif, entre ce qui est caché (source d'abîme) et ce qui est pour ainsi dire, d'une manière sensible ou mentale, brièvement et succinctement révélé : "Il n'y a pas d'image de l'immensité…l'immensité est la possibilité de l'image ou, plus justement, la manière dont elle se rencontre elle-même et disparaît en elle, l'unité secrète selon laquelle elle se déploie, immobile, dans l'immensité du dehors et en même temps se retient dans l'intimité la plus intérieure. Cet espace de l'image, lieu qui s'engendre dans la mesure et par la mesure, est aussi bien sans image…" (1) Dans cet esprit, ne subsistent vaguement pour Nietzsche que des images fortuites privées de la pleine lumière, c'est-à-dire des ombres excentrées, voire excentriques, suspendues dans le vide et menacées par l'obscur…
1. Blanchot, L'Entretien infini, Gallimard, pp.475.
Claude Stéphane PERRIN. Professeur de philosophie à la retraite, j'écris et je lis en méditant sur le problème de la non-violence, notamment à partir d'une idée non indifférente et non nihiliste du neutre .
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