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Recherches philosophiques qui, inspirées par l'idée du neutre, vont au-delà du scepticisme vers une interprétation moderne et différentielle (historique et intemporelle) du devenir du principe de raison.

Spinoza et la lubricité

Spinoza et la lubricité

"Rien n'arrive dans la Nature qui puisse être attribué à un vice existant en elle (inhérent) ; elle est toujours la même en effet ; sa vertu ou sa puissance d'agir (agendi) est une et partout la même (identique)…" Éthique, III, De l'origine et de la nature des affections, présentation.

 

"Par sentiments, j'entends les affections du corps par lesquelles la puissance d'agir de ce corps est augmentée ou diminuée, secondée ou réduite, et en même temps les idées de ces affections. Quand donc nous pouvons être la cause adéquate de quelqu'une de ces affections,  j'entends alors par affection (sentiment) une action ; dans les autres cas, une passion." Éthique, III, De l'origine et de la nature des affections, définition III.

 

"Notre Âme (esprit) est active en partie (quaedam), passive en d'autres : en tant qu'elle a des idées adéquates (en Dieu), elle est nécessairement active en certaines choses…" Éthique, III, De l'origine et de la nature des affections, proposition I.

 

"L'âme et le corps sont une seule et même chose qui est conçue tantôt sous l'attribut de la Pensée, tantôt sous celui de l'Étendue." (…) "Personne, il est vrai, n'a jusqu'à présent déterminé ce que peut le corps (…) Personne jusqu'ici n'a connu  si exactement la structure du corps qu'il ait pu en expliquer toutes les fonctions (exemple des bêtes et des somnambules)…"Le corps peut, par les seules lois de sa nature, beaucoup de choses qui causent à son âme de l'étonnement." Éthique, III, De l'origine et de la nature des affections, scolie de la proposition II.

 

"L'Amour, en effet, n'est rien d'autre qu'une joie qu'accompagne l'idée d'une cause extérieure." Éthique, III, De l'origine et de la nature des affections, scolie de la proposition XIII.

 

"Aussi longtemps que l'homme est affecté par l'image d'une chose, il considérera la chose comme présente, même si elle n'existe pas (Prop. 17, p. II, avec son Coroll.), et il ne l'imagine comme passée ou future qu'en tant que l'image en est jointe à l'image du temps passé ou futur (voir le scolie de la Prop. 44, p. II). C'est pourquoi, considérée en elle seule, l'image d'une chose est la même, soit qu'on la rapporte au futur ou au passé, soit qu'on la rapporte au présent…" Éthique, III, De l'origine et de la nature des affections, démonstration de la proposition XVIII.

 

"Les images des choses sont des affections (affectiones) du corps humain (ses manières d'être affecté) dont les idées nous représentent les corps extérieurs comme nous étant présents (Scolie de la Prop. 17, p. II), c'est-à-dire (Prop. 16, p. II) dont les idées enveloppent la nature de notre corps et en même temps la nature présente d'un corps extérieur. Si donc la nature d'un corps extérieur est semblable à celle de notre corps, l'idée du corps extérieur que nous imaginons enveloppera une affection de notre corps semblable à celle du corps extérieur ; et, par conséquent, si nous imaginons quelqu'un de semblable à nous comme affecté de quelque sentiment, cette imagination enveloppera (exprimera) une affection de notre corps semblable à ce sentiment. Ensuite, le fait d'imaginer qu'une chose semblable à nous éprouve quelque affection, nous éprouvons une affection semblable à la sienne." Éthique, III, De l'origine et de la nature des affections, démonstration de la proposition XXVII.

"Cette Haine envers une chose aimée jointe à l'Envie s'appelle Jalousie, et ainsi la jalousie n'est rien d'autre qu'une Fluctuation (le Flottement) de l'âme née de ce qu'il y a amour et haine en même temps avec accompagnement de l'idée d'un autre qu'on envie (…) Qui imagine en effet la femme qu'il aime se livrant (se prostituant) à un autre sera attristé, non seulement parce que son propre appétit (appetitus) est contrarié , mais aussi parce qu'il est contraint de joindre l'image de la chose (rei) aimée aux parties honteuses et aux excrétions de l'autre, il l'a alors en horreur ; à quoi s'ajoute enfin que le jaloux n'est pas accueilli par l'être aimé avec le même visage qu'il avait l'habitude de lui présenter…" Éthique, III, De l'origine et de la nature des affections, scolie de la proposition XXXV.

 

"La haine qui est entièrement vaincue par l'amour se change en amour, et pour cette raison,  l'amour est plus grand que si la haine ne l'avait pas précédé." Éthique, III, De l'origine et de la nature des affections, proposition XLIV.

 

La Lubricité (l'Appétit sexuel effréné – libido) est un amour (un sentiment) ou (vel) un désir immodéré (excessif) du coït qui (comme  la Gourmandise et l'Ivrognerie) n'a pas de contraire : " Car la Tempérance et la Sobriété et enfin la Chasteté, que nous avons l'habitude d'opposer à la Gourmandise, à l'Ivrognerie et à la Lubricité (l'union charnelle) , ne sont pas des affections ou des passions, mais manifestent (indiquent) la puissance de l'âme qui gouverne (règle) ces affections." Éthique, III, De l'origine et de la nature des affections, scolie de la proposition LVI.

 

"Le cheval et l'homme sans doute sont emportés par la Lubricité de procréer (le désir sexuel – libidine) ; mais le premier par une Lubricité de cheval, le second par une Lubricité d'homme. De même aussi les Lubricités et les Appétits des insectes, des poissons et des oiseaux, doivent être différents les uns des autres. Aussi, bien que chaque individu vive dans le contentement (gaudium) et l'épanouissement (contentum) de la nature dont il est constitué, cette vie dont chacun est content et cet épanouissement ne sont rien d'autre que l'idée ou l'âme (seu anima) de cet individu, et ainsi le contentement de l'un diffère du contentement de l'autre autant que la nature ou essence de l'un diffère de la nature ou essence de l'autre. Enfin il suit de la Proposition précédente que la différence n'est pas petite entre le contentement dont un ivrogne, par exemple, subit l'attrait, et le contentement dont jouit (potitur) le Philosophe…" Éthique, III, De l'origine et de la nature des affections, scolie de la proposition LVII.

 

" Le contentement (Gaudium) est une Joie qu'accompagne l'idée d'une chose passée arrivée inespérément." Éthique, III, De l'origine et de la nature des affections, définitions des affections, XVI.

 

"La Pudeur est la Crainte ou la Peur (l'Appréhension peureuse) de la Honte, qui retient l'homme de faire quelque chose de vilain. (action honteuse)" Éthique, III, De l'origine et de la nature des affections, définitions des affections, XXXI, explication.

 

"La lubricité (l'Appétit sexuel – Libido) est aussi un Désir et un Amour de l'union des corps." "Que ce Désir du coït soit modéré ou ne le soit pas, on a coutume de l'appeler Lubricité (…) Il n'a pas de contraire, car "il n'est pas une passion mais une puissance de l'âme." (…) "Et si le lubrique est triste de ne pouvoir obéir à son penchant, il ne cesse pas pour cela d'être lubrique. Et d'une manière générale ces affections ne concernent pas tant les actes (…) que le Désir et l'Amour de ces actes. On ne peut donc rien opposer à ces affections, sinon la Générosité et la Fermeté d'âme…"Éthique, III, De l'origine et de la nature des affections, définitions des affections, XLVIII et explication.

 

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À propos
claude stéphane perrin

Claude Stéphane PERRIN. Professeur de philosophie à la retraite, j'écris et je lis en méditant sur le problème de la non-violence, notamment à partir d'une idée non indifférente et non nihiliste du neutre .
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