Recherches philosophiques qui, inspirées par l'idée du neutre, vont au-delà du scepticisme vers une interprétation moderne et différentielle (historique et intemporelle) du devenir du principe de raison.
1 Juin 2015
"Qu'est-ce que le mal ? Il n'y a pas d'autres maux que la diminution de notre puissance d'agir et la décomposition d'un rapport. Encore la diminution de notre puissance d'agir n'est-elle un mal que parce qu'elle menace et réduit le rapport qui nous compose. On retiendra donc du mal la définition suivante : c'est la destruction, la décomposition du rapport qui caractérise un mode (les affections d'une substance). Dès lors, le mal ne peut se dire que du point de vue particulier d'un mode existant : il n'y a pas de Bien ni de Mal dans la Nature en général, mais il y a du bon et du mauvais, de l'utile et du nuisible pour chaque mode existant. Le mal est le mauvais du point de vue de tel ou tel mode. Étant nous-mêmes hommes, nous jugeons le mal de notre point de vue ; et Spinoza rappelle souvent qu'il parle du bon et du mauvais en considérant la seule utilité de l'homme. Par exemple, nous ne songeons guère à parler d'un mal lorsque, pour nous nourrir, nous détruisons le rapport sous lequel existe un animal. Mais en deux cas, nous parlons de «mal» : lorsque notre corps est détruit, notre rapport décomposé, sous l'action d'autre chose ; ou bien lorsque nous-mêmes détruisons un être semblable à nous, c'est-à-dire un être dont la ressemblance suffit à nous faire penser qu'il convenait en principe avec nous, et que son rapport en principe était composable avec le nôtre." (Cf. Éthique, III, 47, dém.)
Claude Stéphane PERRIN. Professeur de philosophie à la retraite, j'écris et je lis en méditant sur le problème de la non-violence, notamment à partir d'une idée non indifférente et non nihiliste du neutre .
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