Recherches philosophiques qui, inspirées par l'idée du neutre, vont au-delà du scepticisme vers une interprétation moderne et différentielle (historique et intemporelle) du devenir du principe de raison.
5 Juin 2022
"Le feu est l'ultra-vivant. Le feu est intime et il est universel. Il vit dans notre cœur. Il vit dans le ciel. Il monte des profondeurs de la substance et s'offre comme un amour. (p. 19) Le feu couve dans une âme plus sûrement que sous la cendre. (p.31) Si le feu, phénomène au fond bien exceptionnel et rare, a été pris pour un élément constituant de l'Univers, n'est-ce pas parce qu'il est un élément de la pensée, l'élément de choix pour la rêverie.(p.38) Le voleur de feu est le plus souvent un oiseau, un roitelet, un rouge-gorge, un oiseau mouche…(p.64) Nous voulons dénoncer cette fausse évidence qui prétend relier la vie et le feu. Au principe de cette assimilation, il y a, croyons-nous, l'impression que l'étincelle, comme le germe, est une petite cause qui produit un grand effet. (p.79) La raison d'une dualité si profonde, c'est que le feu est en nous et hors de nous, invisible et éclatant, esprit et fumée. (p.92) Le feu donne à l'homme qui rêve la leçon d'une profondeur qui a un devenir : la flamme sort du cœur des branches. (p. 93) La lumière est le feu le plus pur et un élément. (p.103) En tant que substance le feu est certainement parmi les plus valorisées, celle par conséquent qui déforme le plus les jugements objectifs. (p.119) La sylphide que la moindre substance alourdit (…) s'élève sans peine dans le ciel bleu, heureuse de son anorexie. (p.148) Mais à qui se spiritualise, la purification est d'une étrange douceur et la conscience de la pureté prodigue une étrange lumière. La purification seule peut nous permettre de dialectiser, sans la détruire, la fidélité d'un amour profond. Bien qu'elle abandonne une lourde masse de matière et de feu, la purification a plus de possibilités, et non pas moins, que l'impulsion naturelle. Seul un amour purifié a des trouvailles affectueuses. Il est individualisant. Il permet de passer de l'originalité au caractère. (p.166) Voyons maintenant la région où le feu est pur. C'est, semble-t-il, à la pointe de la flamme, où la couleur fait place à une vibration presque invisible. Alors le feu se dématérialise, se déréalise ; il devient esprit. (p.170) " [1]
[1] Bachelard, La Psychanalyse du feu, Gallimard, (1949) Idées, 1965.
Claude Stéphane PERRIN. Professeur de philosophie à la retraite, j'écris et je lis en méditant sur le problème de la non-violence, notamment à partir d'une idée non indifférente et non nihiliste du neutre .
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