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Recherches philosophiques qui, inspirées par l'idée du neutre, vont au-delà du scepticisme vers une interprétation moderne et différentielle (historique et intemporelle) du devenir du principe de raison.

Spinoza par Matheron

Spinoza par Matheron

"L'existence du troisième genre a donc deux faces. Sur le plan de la durée, elle parachève l'existence du second genre en donnant pleine satisfaction à notre conatus individuel et interhumain : dépassement de toutes les aliénations et de toutes les divergences ; actualisation du Moi dans la lucidité la plus parfaite, actualisation du Nous dans la plus parfaite des communions. À la rigueur, Spinoza eût pu s'en tenir là. La découverte de l'éternité de notre esprit ne modifie en rien les données du problème éthique : quand même nous croirions-nous mortels, animositas et générosité garderaient à nos yeux toute leur valeur (Éth. V, prop.41.) ; la béatitude se confond avec la vertu, loin d'en être la récompense dans l'au-delà (Éth. V, prop.42.). Et pourtant c'est bien le passage au plan de l'éternité qui nous dévoile l'entière signification de notre quête. La connaissance intellectuelle de notre essence ne nous délivre pas seulement des mutilations qui nous empêchaient d'être nous-mêmes : en détachant notre âme de l'existence présente de son objet, elle nous affranchit de cette ultime servitude qu'est la mort. La communion intellectuelle dans la connaissance des mêmes essences ne supprime pas seulement les antagonismes qui nous opposaient les uns aux autres : en détachant nos âmes de l'existence spatialement localisée de leurs objets, elle abolit toute séparation. Libération individuelle complète et définitive, communauté sans restriction : ce double passage à la limite n'éclaire-t-il pas, rétrospectivement, les motivations les plus profondes du spinozisme ? "[1]

 

[1] Matheron (Alexandre), Individu et communauté chez Spinoza, Minuit, 1969, p.613.

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À propos
claude stéphane perrin

Claude Stéphane PERRIN. Professeur de philosophie à la retraite, j'écris et je lis en méditant sur le problème de la non-violence, notamment à partir d'une idée non indifférente et non nihiliste du neutre .
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