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Recherches philosophiques qui, inspirées par l'idée du neutre, vont au-delà du scepticisme vers une interprétation moderne et différentielle (historique et intemporelle) du devenir du principe de raison.

Spinoza et l'intuition par Lachièze-Rey

Spinoza et l'intuition par Lachièze-Rey

Intuition : Ce n'est pas une évidence naïve, mais une pensée rationnelle dont la vérité se révèle elle-même dans une conception intuitive de la Nature, c'est-à-dire dans l'idée de Dieu, l'être parfait et immanent qu'est la Nature. Cette intuition qui est singulièrement présente dans l'amour intellectuel de la Nature n'est pas une évidence naïve, mais une pensée rationnelle simple, unique et complète qui renvoie à une prime image mentale sans aucune représentation de la Nature, [1]précisément à partir des déterminations claires et distinctes d'une pensée [2]qui conçoit sans imaginer (comme c'est le cas dans la mesure, le temps et le nombre) en se rapportant à la source des représentations (par la force de la cause rationnelle en laquelle elle réside) : "Pour que notre esprit repré­sente l'image de la Nature, il doit produire toutes ses idées à partir de celle qui repré­sente l'origine et la source de la Nature. Cette même idée sera ainsi la source de toutes les autres." [3] Lorsqu'une image enveloppe l’idée de la chose et l’idée de notre corps, elle est confuse, tronquée, mutilée, obscure. Il faut la distinguer de la connaissance intuitive qui embrasse une totalité d’un seul regard dans le troisième genre de connaissance. Car cette intuition est globale, celle de la raison. 

   Pour Lachièze-Rey : "Une modification n'aurait pu d'ailleurs se produire ici sans entraîner une transformation complète dans la pensée de Spinoza, car les théories dont l'ensemble constitue cette conception initiale sont étroitement solidaires et ne font qu'exprimer les différents aspects d'une intuition unique qui est celle de la causalité immanente : unité naturante qui renferme en elle la totalité de l'être agissant et exclut toute multiplicité numérique d'in se ou de per se, soit sur son propre plan, soit sur un plan inférieur, - indivisibilité, éternité et infinité de ce naturant, dont l'acte, se développant nécessairement sans coupure à travers le naturé, lui confère les mêmes caractères à titre dérivé, fonde l'unité de la durée, entraîne la négation de tout vide interne ou externe, et relie les modes les uns aux autres par une continuité intérieure qui ne permet pas d'y voir une véritable pluralité." (voir la lettre XII à Louis Meyer et la lettre XXXII à Oldenbourg). [4]        

 

 

[1]  Cette image n'est pas celle d'un corps affecté par un autre corps, comme dans les passions tristes. Spinoza a noté dans son Traité des autorités théologique et politique,  l'implication des images dans la révélation religieuse, notamment lorsque cette dernière fait apparaître des anges arborant parfois une épée à la main. Cette superstition délirante et anthropomorphe n'exprime pour le philosophe qu'un ridicule bavardage de rêveurs plus soucieux d'imaginer que de révéler une vision véritable et non symbolique de la Nature.  

[2] Connaître intellectuellement une chose, c’est, pour Spinoza : "la percevoir par la pensée pure en dehors des mots et des images." Spinoza, TTP. Œuvres complètes, Nrf, Pléiade, 1954, chapitre IV, p.674.

[3] Spinoza, Traité de la réforme de l'entendement, §42, p.115.

[4] Lachièze-Rey (Pierre), Les Origines cartésiennes du Dieu de Spinoza, Vrin, 1950, p.252.

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À propos
claude stéphane perrin

Claude Stéphane PERRIN. Professeur de philosophie à la retraite, j'écris et je lis en méditant sur le problème de la non-violence, notamment à partir d'une idée non indifférente et non nihiliste du neutre .
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