Recherches philosophiques qui, inspirées par l'idée du neutre, vont au-delà du scepticisme vers une interprétation moderne et différentielle (historique et intemporelle) du devenir du principe de raison.
2 Novembre 2020
Droit : "Je maintiens toujours le droit naturel et je n'accorde dans une cité quelconque de droit au souverain sur ses sujets que dans la mesure où, par la puissance, il l'emporte sur eux ; c'est la continuation de l'état de nature." [1]
État : "Il ne faut pas chercher les causes et les fondements naturels de l' État à partir des enseignements de la raison, mais les déduire de la nature ou condition commune des hommes." [2] L'état naturel : status naturalis diffère de l'état civil (status civilis). L'État est pensé comme un corps-esprit individualisé.[3] "Lorsque nous disons que l'État le meilleur est celui où les hommes passent leur vie dans la concorde, j'entends par là une vie humaine, qui se définit non point par la seule circulation du sang et par les autres fonctions communes à tous les animaux, mais avant toute chose par la raison véritable vertu de l'âme (mens), et sa vraie vie." [4] : "La justice et l'injustice ne peuvent être conçues en dehors d'un État." [5]
Individu : singulier pensant et jamais totalement accompli.
Politique : l'art de faire vivre ensemble les gens ,[6] de "faire vivre des hommes dans la concorde, en même temps que les moyens par lesquels on doit diriger la multitude, c'est-à-dire à la contenir à l'intérieur de limites précises…"[7]
Obéissance : "La volonté constante d'accomplir ce qui est bon selon le droit et doit être fait selon le décret commun." [8] "La plupart des hommes ont des âmes impuissantes, sunt animo impotentes, et ne vivent pas sous le commandement de la raison. La foule a besoin de lois qui s'imposent à elle, même par la crainte. Il faut lui inspirer l'obéissance à la loi de la cité, qui institue une règle commune de vie, [9] et à la loi morale qui se compose de quelques commandements essentiels dont le principal est l'amour du prochain. Dans la foule, les individus, qui demeurent gouvernés par leurs passions, ne peuvent faire mieux que d'obéir à la loi morale. C'est la seule voie qui leur soit ouverte. Commandement et obéissance : il s'agit là non d'une éthique, mais plutôt d'une politique morale adaptée à la réalité. Sur ce plan, Spinoza admet ce qu'il rejette sur celui de l'éthique véritable : ainsi l'Humilité et le Repentir, l'Espoir et la Crainte, qui sont des passions que la sagesse dépasse, deviennent des ressorts nécessaires de cette Politique. «Si en effet les hommes impuissants intérieurement étaient tous pareillement orgueilleux, s'ils n'avaient honte de rien et ne craignaient rien, comment pourraient-ils être maintenus unis et disciplinés (vinculis conjungi constringique) ? La foule est terrible quand elle est sans crainte. » [10] La foule doit se contenter de croire et d'obéir. Les sages, eux, s'efforcent de comprendre. Rien n'est bon que ce qui mène à la connaissance, rien n'est mauvais que ce qui en éloigne." [11]
[1] Spinoza, Lettre 50.
[2] Spinoza, TP, ch.1, art 7.
[3] Spinoza, TP, ch.3, art 5.
[4] Spinoza, TP, ch.5, art 5.
[5] Spinoza, TP, ch.2, art 23.
[6] Spinoza, T.P. chap.1 art 4.
[7] Spinoza, TP, ch.1, art 3.
[8] Spinoza, TP, ch.2, art 19.
[9] Spinoza, Éthique, IV, 37, sch.2.
[10] Spinoza, Éthique, IV, 54, sch.
[11] Friedmann (Georges), Leibniz et Spinoza, nrf, Gallimard, Idées, 1962, p.252.
Claude Stéphane PERRIN. Professeur de philosophie à la retraite, j'écris et je lis en méditant sur le problème de la non-violence, notamment à partir d'une idée non indifférente et non nihiliste du neutre .
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