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Recherches philosophiques qui, inspirées par l'idée du neutre, vont au-delà du scepticisme vers une interprétation moderne et différentielle (historique et intemporelle) du devenir du principe de raison.

Spinoza et la liberté (par Alain Billecoq)

Spinoza et la liberté (par Alain Billecoq)
Spinoza et la liberté (par Alain Billecoq)

"Spinoza part de l'homme libre, considéré dans sa singularité, pour en déduire ce qu'est la liberté humaine. Mais il ne peut le faire que parce qu'il a auparavant démonté le mécanisme idiosyncrasique de l'homme serf et montré que c'est en lui que se trouvent les conditions effectives de sa et de la liberté." [1] "Pour Spinoza, il n'y a pas d'homme libre sans esprit libre." [2]

"La fin de la république c'est donc en fait la liberté de pensée et d'expression." [3] "L'homme libre, c'est-à-dire celui qui vit suivant les seuls conseils de la raison, n'est pas dirigé dans sa conduite par la crainte de la mort, mais il désire directement le bien." [4] Cependant, la liberté  commence par l'obéissance (différente de la soumission) et par l'obligation (différente de la contrainte) : "L'homme qui est dirigé par la raison est plus libre dans la Cité où il vit selon le décret commun que dans la solitude où il n'obéit qu'à lui-même (…) L'homme qui est dirigé par la raison n'est pas conduit par la crainte à obéir ; mais, en tant qu'il s'efforce de conserver son être suivant le commandement de la raison, c'est-à-dire en tant qu'il s'efforce de vivre librement, il désire observer la règle de la vie et de l'utilité communes et, en conséquence, vivre suivant le décret commun de la Cité. L'homme qui est dirigé par la Raison désire donc, pour vivre plus librement, observer le droit commun de la Cité." [5] "L'État démocratique contient les hommes, autant que faire se peut, dans les limites de la raison afin qu'ils vivent dans la concorde et dans la paix." [6]

"La politique est l'art de concilier le désir naturel de liberté de l'homme – puisque l'homme est fondamentalement libre (la liberté est l'affirmation raisonnable de la vie et l'expression philosophique du concept ontologique de conatus qui, sous son acception juridique, s'appelle jus naturalis) – et l'impératif de sûreté…" [7]

"La liberté c'est la connaissance de la nécessité." [8] Ce qui se détermine par soi-même à agir : obéir à la nécessité de sa propre nature. Nécessité intérieure (agir et penser selon la raison[9]) qui devient béatitude[10], salut [11] ou vertu [12]. "J'appelle libre, quant à moi, un chose qui est et agit par la seule nécessité de sa nature, contrainte, celle qui est déterminée par une autre à exister et à agir d'une façon déterminée. Dieu par exemple (…) Vous le voyez bien, je ne fais pas consister la liberté dans un libre décret, mais dans une libre nécessité." [13] "Les hommes se trompent en ce qu'ils se croient libres et cette opinion consiste en cela seul qu'ils ont conscience de leurs actions et sont ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés ; ce qui constitue donc leur idée de la liberté, c'est qu'ils ne connaissent aucune cause de leurs actions." [14] "Les hommes se croient libres parce qu'ils ont conscience de leurs volitions et de leur appétit, et qu'ils ne pensent pas, même en rêve, aux causes qui les disposent à désirer et à vouloir, parce qu'ils les ignorent."[15]

   La liberté collective dépend de la liberté de chacun et réciproquement. [16] La liberté finit par s'identifier à la Vertu et au Bonheur en permettant d'agir d'une âme égale ou sereine (aequus animus) donc en paix avec soi-même et avec les autres…

 

[1] Alain Billecoq, SPINOZA : QUESTIONS POLITIQUES – Quatre études sur l'actualité du Traité politique, L'Harmattan, 2009, p.14.

[2] Alain Billecoq, SPINOZA : QUESTIONS POLITIQUES – Quatre études sur l'actualité du Traité politique, L'Harmattan, 2009, p.153.

[3] Spinoza, TTP, ch.20.

[4] Spinoza, Éthique, IV, prop. LXVII.

[5] Spinoza, Éthique, IV, 73.

[6] Spinoza, TTP, ch.16.

[7] Alain Billecoq, SPINOZA : QUESTIONS POLITIQUES – Quatre études sur l'actualité du Traité politique, L'Harmattan, 2009, p.23.

[8] Alain Billecoq, SPINOZA : QUESTIONS POLITIQUES – Quatre études sur l'actualité du Traité politique, L'Harmattan, 2009, p.31.

[9] Spinoza, Éthique, IV 67 dém.

[10] Spinoza, Éthique, V Préf

[11] Spinoza, Éthique, V 36 sc.

[12] Spinoza, Éthique, II 49 sc, fin.

[13] Lettre LVIII à Schuller.

[14] Spinoza, Éthique, II 35 sc. I app, II 3 sc, III 2 sc.

[15] Spinoza, Éthique, I, appendice, p.347.

[16] Alain Billecoq, SPINOZA : QUESTIONS POLITIQUES – Quatre études sur l'actualité du Traité politique, L'Harmattan, 2009, p.105.

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À propos
claude stéphane perrin

Claude Stéphane PERRIN. Professeur de philosophie à la retraite, j'écris et je lis en méditant sur le problème de la non-violence, notamment à partir d'une idée non indifférente et non nihiliste du neutre .
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