Recherches philosophiques qui, inspirées par l'idée du neutre, vont au-delà du scepticisme vers une interprétation moderne et différentielle (historique et intemporelle) du devenir du principe de raison.
3 Juin 2015
"Le bien véritable, dès le commencement de la réflexion spinoziste, se donne comme une certaine perfection de la nature humaine qu'il s'agit de promouvoir. Et cette nature humaine plus parfaite sera un élément de jouissance, un élément concret qui répondra bien à une problématique vécue. C'est cette perfection comme jouissance qui constituera le souverain bien. On y atteindra donc le bien véritable et le repos, la satisfaction (…) Mais l'on peut savoir dès maintenant en quoi consistera cette nature parfaite dont la jouissance est le bien suprême : elle est la connaissance de l'union de l'esprit avec la nature entière. L'homme plus parfait accède donc à une existence véritable, à une nature humaine parfaite, et heureuse, par la connaissance intellectuelle de son lien avec la nature. Il est encore clair qu'existence et réflexion sont décidément inséparables, lorsque cette existence et cette réflexion atteignent leur plus haut degré de validité. Mais il devient également clair maintenant que la sagesse concrète et heureuse de Spinoza n'est pas antithétique de son système de la Totalité de la Nature, puisque, bien au contraire, la connaissance réfléchie de cette totalité est un élément constitutif de la jouissance heureuse… (…) Ce qu'il importe maintenant de retenir, c'est que nous sommes en possession de la fin première et ultime de Spinoza et du spinozisme : l'acquisition d'une «nature supérieure» qui sera par elle-même une jouissance. L'entreprise de Spinoza, et par conséquent ce qu'est la philosophie à ses yeux n'ont qu'une fin : la recherche et l'acquisition d'un bien véritable et suprême ; mais ce «bien», ou, comme nous dirions aujourd'hui, cette valeur, sont simplement une manière d'être, pour l'homme, une modalité de son existence, comme nature plus parfaite. «Bien et mal ne se disent que relativement» (De la réforme de l'entendement, § 12 ). Le bien suprême, pour l'homme, n'est que la jouissance de soi comme vie ayant atteint une certaine perfection."
(Robert Misrahi, Le désir et la réflexion dans la philosophie de Spinoza, Gramma, 1972, p. 103).
Claude Stéphane PERRIN. Professeur de philosophie à la retraite, j'écris et je lis en méditant sur le problème de la non-violence, notamment à partir d'une idée non indifférente et non nihiliste du neutre .
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