Recherches philosophiques qui, inspirées par l'idée du neutre, vont au-delà du scepticisme vers une interprétation moderne et différentielle (historique et intemporelle) du devenir du principe de raison.
2 Juin 2015
"Pour le judéo-chrétien, le monde moral est dominé par une dispute incessante de bons anges et de malins génies comme, pour le physicien à la manière péripatéticienne, le monde sublunaire s'expliquait par un antagonisme de forces qui orientent l'âme du grave vers le bas, l'âme du léger vers le haut. Chez Spinoza, l'intelligence de la nature, le dénouement de notre destinée, ne supposent rien d'autre que le progrès d'une activité autonome. Et de la hauteur où la vérité se manifeste claire et distincte en nous, le brouillard ou l'erreur se résout dans son inconsistance intrinsèque, entraînant avec lui les passions qui sont liées aux représentations confuses de l'individu : tristesse, crainte, haine. Dieu, participé seulement du dehors dans l'inconscience de l'imagination, ne saurait donc se rencontrer avec Dieu auquel l'être participe du dedans par l'expression adéquate de l'essence dans l'ordre de l'étendue ou de la pensée. Le médecin qui se soigne lui-même, s'il n'est que médecin du corps, demeurera, selon le langage aristotélicien, dissocié en matière de patient et en forme d'agent. Mais le propre de la médecine spirituelle est qu'il suffit à l'homme de comprendre les causes de son esclavage pour en être par là même affranchi. Encore faut-il qu'il sache ce que c'est véritablement que comprendre. Aussi la dernière ligne de l'Éthique est-elle consacrée à rappeler qu'il n'y a pas en philosophie de Voie royale. Puisque le salut est en nous, c'est une fausse charité, celle dont nous escompterions le secours pour suppléer à la sagesse en nous épargnant l'effort très ardu qui, seul, assurera la liberté de la raison et la joie de la vertu."
Extrait de Écrits philosophiques, tome premier, L'humanisme de l'occident, Descartes-Spinoza-Kant par Léon Brunschvicg, PUF, 1951, p. 170.
Claude Stéphane PERRIN. Professeur de philosophie à la retraite, j'écris et je lis en méditant sur le problème de la non-violence, notamment à partir d'une idée non indifférente et non nihiliste du neutre .
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