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Recherches philosophiques qui, inspirées par l'idée du neutre, vont au-delà du scepticisme vers une interprétation moderne et différentielle (historique et intemporelle) du devenir du principe de raison.

La laïcité (Spinoza et Billecoq)

La laïcité (Spinoza et Billecoq)

Peuple

Soit laos (agrégat d'individus égaux), soit ecclesia (un seul corps individualisé en une seule âme ou un seul esprit).[1] La multitudo est le peuple au sens non juridique et populus est le peuple en tant qu'entité politique. "Plus le nombre d'égaux augmente dans une Cité ou un État, plus l'on tend vers la totale absoluité [2] qui doit être comprise comme le concept spinoziste signifiant la conformité du droit positif avec le droit naturel de chacun, l'identité du légal et du légitime."[3]

 

Laïcité :

"Le mot laos, d'où sont tirés laïc et laïcité, désigne en grec une population entendue dans son unité et son indivisibilité ; son principe est l'égalité de chacun de ses membres et sa conséquence est l'égale dignité de pensée. (…) Le mot grec demos, qui a donné «démocratie», recouvre à peu près celui de laos puisque tous deux désignent le peuple. Cependant alors que ce dernier signifie le peuple en tant que tout indivisible du fait de la parité de chacun, le premier le qualifie comme entité politique. De sorte que le terme «démocratie» caractérise le peuple en tant qu'il exerce la souveraineté, c'est-à-dire en tant qu'il se gouverne lui-même, alors que le vocable «laïcité» implique l'unité du peuple fondée sur la stricte égalité de tous. (…) Aussi la laïcité ne saurait-elle être ni «ouverte», ni «fermée», ni «plurielle» ou «négociable» et la tolérance, ni «faible» ni «forte», «molle» ou «dure». Car c'est dans la mesure où il est rapporté à un fondement philosophique que le principe de laïcité peut présider à l'établissement des cadres juridico-politiques de la libre expression des idées et des opinions à l'intérieur desquels la tolérance, qui relève de l'éthique personnelle, peut être à la fois recommandable et ressentie comme un pis-aller. En cela, le regard porté sur autrui change du tout au tout puisqu'en définitive la tolérance consiste à considérer l'autre comme son prochain alors que la laïcité voit en lui un citoyen."

"La laïcité est, par nature, neutre. Elle est un principe politique de vie qui trouve son fondement dans l'examen des relations humaines telles qu'elles sont. Nulle évaluation dans sa démarche. C'est ce dont le fanatique a le plus horreur, car il est impuissant à amener le laïc sur son terrain de prédilection, le Bien et le Mal, le Vrai et le Faux. Et c'est aussi pourquoi les Républiques laïques sont fragiles puisqu'elles ne peuvent, par nature, se référer à des valeurs transcendantes ou envisager des compromis. À l'inverse, elles tirent leur force des institutions qu'elles ont voulues et qu'elles revendiquent, car, pour elles, la liberté de pensée et d'expression ne se marchande pas…" [4]

 
 

[1] Alain Billecoq, SPINOZA : QUESTIONS POLITIQUES – Quatre études sur l'actualité du Traité politique, L'Harmattan, 2009, p.88.

[2] Absolu en tout, entièrement absolu (omnino absolutum)TP, ch.11, ch.8, art3, art.5, ch.9, art 15.

[3] Alain Billecoq, SPINOZA : QUESTIONS POLITIQUES – Quatre études sur l'actualité du Traité politique, L'Harmattan, 2009, p.122.

[4] Alain Billecoq, SPINOZA : QUESTIONS POLITIQUES – Quatre études sur l'actualité du Traité politique, L'Harmattan, 2009, pp.120, 121, 125.

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À propos
claude stéphane perrin

Claude Stéphane PERRIN. Professeur de philosophie à la retraite, j'écris et je lis en méditant sur le problème de la non-violence, notamment à partir d'une idée non indifférente et non nihiliste du neutre .
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